Introduction du Safran en Algérie et dans les Régions Sud
L’émergence de la culture du safran en Algérie trouve ses racines dans des essais d’introduction réalisés à l’époque coloniale. Mais a ensuite disparu des paysages agricoles pendant plusieurs décennies. C’est dans le cadre d’un projet de recherche et de développement intitulé “ Participatory and adaptive experimentation of the management model of forest resources in the Atlas Mountains: Algeria, Morocco, Tunisia” mené en collaboration entre l’Institut National de la Recherche Forestière (INRF) et le Centre de Recherche pour le Développement International (IDRC, Canada) que le safran a été réintroduit dans plusieurs régions du pays comme Kenchela, Tiaret, Constantine, et Biskra. Les essais expérimentaux se sont par la suite étendus en 2010 aux zones aux zones situées dans des bioclimats semi-arides et arides, sous la direction du Centre de Recherche Scientifique et Technique sur les Régions Arides (CRSTRA), confirmant ainsi le potentiel de cette culture dans les régions du sud-est de l’Algérie. L’expansion dans ces zones du sud a été particulièrement remarquable dans la wilaya de Ghardaïa, où la culture du safran ne cesse de se développer depuis 2016.
Situation Actuelle
Actuellement, environ 100 producteurs cultivent le safran sur de petites surfaces à Ghardaïa, où Beriane est la première commune en termes de quantités produites. après seulement quelques années, s’est affirmé comme le deuxième pôle de production en Algérie, suivant Khenchla qui a déjà une décennie d’expérience dans cette filière.
La culture de safran à Ghardaïa repose sur des pratiques innovantes et agroécologiques. Les producteurs choisissent de débuter sur des superficies restreintes en raison du coût élevé des bulbes et de la nécessité d’acquérir une expertise dans les techniques de production. Les pratiques agroécologiques, comprenant l’utilisation de fumier après mûrissement et le désherbage manuel. Se sont des éléments clés assurant la qualité du safran, attestée par les analyses réalisées par les safraniers.
Pertinence du safran
L’engouement autour du safran dans la wilaya de Ghardaïa découle de plusieurs facteurs :
Rentabilité à long termes : La rentabilité économique est soutenue par un rendement moyen attractif (3 kg par hectare avec des pratiques agricoles appropriées), un prix de vente satisfaisant, une longue durée de conservation (3 à 4 ans).
Faible besoin en intrants (multiplication des semences permettant d’étendre les superficies, absence d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires, faible consommation d’irrigation grâce à son cycle inversé).
Mobilisation importante de la main d’œuvre : la culture emploie une main-d’œuvre importante, généralement des femmes, et constitue une source de revenus significative pour les petits agriculteurs ruraux. Ainsi, la culture du safran est considérée comme ayant le potentiel de réduire la migration rurale-urbaine et de fournir des revenus aux communautés rurales.
Esprit coopératif favorisant les échanges de connaissances : La coopération horizontale entre les producteurs à travers leur travail associatif et/ou collectif, engendrant plusieurs impacts positifs (assistance aux nouveaux producteurs, partage de connaissances, accès plus facile au réseau de commercialisation, accès à des semences de bonne qualité, etc.), participation à des foires et forums pour médiatiser ce produit qui devient rapidement un produit de terroir, constituant ainsi un vecteur de durabilité pour la production locale de safran.
Un environnement adapté : le climat de Ghardaïa aide à éviter les problèmes de maladies cryptogamiques. Les températures qui dépassent 50 degrés à l’ombre pendant l’été exercent un effet d’assainissement des terres de toutes maladies.